Depuis les quartiers bas d’Amiens, juste en dessous de la cathédrale, le parcours cyclable de la Somme emprunte d’abord le chemin de halage de la rive droite (rive nord !), au niveau du fameux quartier Saint-Leu. Il suffit, pour le rejoindre, de franchir la passerelle surplombant le beau bâtiment du club d’aviron.
Frôlant alors le très vert et récent central park amiénois, le parc Saint-pierre (22 hectares), on pénètrera alors, presque sans transition, dans l’univers particulier des fameux hortillonnages d’Amiens (du latin hortus, pour jardin), milieu qui n’est pas sans rappeler d’autres territoires maraichins, poitevins en particulier.
Découvrir Amiens et ses trésors à vélo électrique
Après sa cathédrale, une autre incontournable, la tour Perret. Premier building européen dans les années cinquante, elle dépasse tout juste la centaine de mètres, mais elle a fini par se faire une place dans le ciel amiénois. On l’a même valorisée, lors de la rénovation de la gare mitoyenne, d’un très beau cadre de verre, conçu pour mieux la cibler, à l’attention des voyageurs débouchant sur le parvis. Nul doute que Jules Verne aurait apprécié un tel belvédère. Il lui aurait permis de prendre sur le monde encore un peu plus de hauteur que ce que lui offrait alors la tour de son hôtel particulier (2 rue Charles Dubois, sur le boulevard sud de la Ville). Le bel édifice, dont la Ville d’Amiens a fait un musée toute la dévotion de l’auteur de Vingt mille lieues sous les mers, a été astucieusement aménagé pour faciliter le flux des visiteurs. Laissant les vélos dans la cour intérieure, on y découvrira avec émerveillement les différents thèmes, époques et méthodes de travail qui ont occupé l’écrivain visionnaire au cours des 34 années qu’il passa ici. De quoi rêver à son tour de tous les « tours du monde » possibles, en bateau, en ballon, à vélo ou en vélorail… Deux des incontournables d’Amiens. La cathédrale, bien sûr, et la maison-musée de Jules Verne.
À la sortie d’Amiens
Sur plusieurs kilomètres désormais, tandis que s’estompent derrière soi la silhouette de la tour Perret et la flèche de la cathédrale d’Amiens, le parcours fait évoluer dans un espace à part. Un travelling miroitant, côté Somme, une succession de parcelles cultivées, côté gauche, serties dans un quadrillage de petits canaux. D’étonnantes passerelles formant des portes d’accès aux maisons mitoyennes de la voie d’eau. Le tout assorti d’une ribambelle de panneaux d’information sur les us et les coutumes de ces très anciennes parcelles maraichères.
Asphaltée sur l’essentiel du parcours
La voie verte de la Somme n’impose plus, ici ou là, que quelques rares tronçons rustiques. Le pont de Camon, qui fera passer sur la rive sud de la Somme, marquera la fin du premier épisode. 3 à 4 km attendent alors le randonneur à vélo, sur une petite route sans voiture, le temps de contourner une importante réserve d’étangs de pêche, par ailleurs superbement photogéniques. Jusqu’à retrouver, à Glisy, le bord du fleuve dont le cheminement alternera les tronçons goudronnés et les sections gravillonnées, dans un univers toujours aussi nature. Y abondent les nénuphars, les hérons, les poules d’eau… et les lapins de toutes tailles qui feront escorte aux promeneurs du halage jusqu’à Daours, puis Corbie, offrant, au passage d’Aubigny, un accueillant espace piquenique. Peut-être l’occasion de la halte de la mi-journée si l’on ne devait pas attendre celle de Corbie. Sinon, on pourra effectivement compter sur une autre aire d’arrêt, au bord du port fluvial de Corbie. À moins qu’on ne préfère, à quelques centaines de mètres de la Somme, les restaurants du centre-ville.
Les vestiges historiques à visiter
Côté visite, on ne manquera pas, là, l’abbatiale Saint-Pierre, mais moins encore, à proximité, l’un des témoins historiques majeurs de l’engagement du Commonwealth dans le premier conflit mondial. Empruntant une passerelle cyclopédestre sur la Somme, puis traversant Fouilloy, on rejoindra sans mal une nouvelle piste cyclable offrant un accès sécurisé (sinon anodin, une petite côte y sollicitera quelques rudes coups de pédale !) à l’extraordinaire et émouvant mémorial de Villers-Bretonneux dédié aux 10 000 Australiens qui laissèrent leur vie ici… Depuis Glisy, les belles courbes du chemin de halage suivaient la rive gauche, ou sud, du fleuve. Corbie, la piste est passée de l’autre côté. Rive droite désormais, de grands méandres placides, quelques bateaux de plaisance, également, accompagnent la voie verte et ses randonneurs jusqu’à Vaux-sur-Somme d’abord, puis Sailly- le-Sec, Sailly-Laurette et enfin Cerisy. Le chemin de halage, largement bordé de peupliers, longe ici l’un des plus longs biefs du canal (6 km) dans un environnement d’étangs qui fait toujours la part belle à la pêche.